16 novembre 2007

" Souffle jeté sur la poussière de nos souvenirs "

« Notre passé, voila ce que nous sommes »

Elle s’y introduit, à la recherche de ces mélodies d’antan qui ont fait vibrer les tympans de ses géniteurs. Elle replonge dans le siens de passé, son histoire qui, collé à sa peau comme une odeur tenace de tabac froid, elle transporte avec elle sans réellement y prêter attention.

Pour le meilleur comme pour le pire.

Souvenirs agréables, doux instants sucrés qui ressurgissent à la vue d’une photographie, d’un objet signifiant, au contact d’un tissu, d’un parfum connu. Souvenirs parfois étranger, avisé avec les yeux de cette petite fille qu’elle a été. Perception d’enfant, nostalgie de l’impossibilité du retour en arrière ; les instants, les gens, les choses trépassent.

Ouvrir les cartons poussiéreux, laisser s’en échapper les odeurs acres de moisissure et d’humidité synonyme du temps qui est passé et qui passe encore. En sortir de vieux clichés. Ancré dans le papier défraichi, les sourires, les expressions de ceux qui ont disparu ou vieilli. Ouvrages à la couverture brunis et aux feuilles jaunies parsemés de marques d’attention et de dédicaces multiples « A ton cher frère, 1886 ». Des écrits, des signatures, des visages : notre héritage. Tout ce qu’il nous reste.

Partage d’une passion avec celui qui lui a donné la vie. Elle le connait si peu, le découvre devant ce vieux bouquin épais illustré de photos qui lui semblent toutes aussi signifiantes les unes que les autres.
Dans ses yeux, le reflet de cette femme aux traits expressifs, il se rappelle, les sensations resurgissent. Reconnaissance de cet amour d’enfant pour cette femme de papier, nostalgie du petit garçon dans cette voix d’homme qui raconte.

Il divulgue son histoire : il se dévoile.

Nuage de poussière, « Les bons enfants ». Les écrits de la Comtesse de Ségur lui retombent entre les mains. Elle se souvient.
La bibliothèque Rose, ce petit ouvrage rouge, ses pages dorées, son odeur de vieux et ses illustrations noir et blanc. 1887, taché, ses petites mains potelés l’on ouvert après tant d’autres peut être, ses yeux innocents l’ont parcourus. C’est au contact de sa couverture fraiche, des enluminures dorées, et des paroles de Léonce, de Pierre ou encore de La Maman qu’elle a décidé un jour de lire tout les livres du monde. Ils se résumaient, à l’époque, a une douzaine de gros bouquins malodorants disposé sur les étagères miteuses d’une armoire en bois imposante.
Dieu que le monde s’est agrandit depuis. Elle retrouve malgré tout ce petit livre si symbolique au creux de ses mains aux doigts maintenant allongés et aux ongles vernis.

Le départ de tout ?

Lecture d’un poème. Poème de cette femme qui l’a enfanté. Il recèle les vestiges d’une incroyable sensibilité. Prédestiné à l’écriture elle lui offrira cet héritage ? Elle l’aura au moins pourvu de cette envie de recouvrir de belles lettres débordantes de sentiments, les pages blanches du livre de sa vie.

Nous avons tous étés, et nous sommes aujourd’hui ce qu’il reste de cette époque :

« Des tas de poussières plein de souvenirs fugaces en désordre »

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